Apologie du crime au Sénégal : le silence du pouvoir est aussi grave que les propos du génocidaire Demberou Sow

14 - Octobre - 2020

Le Sénégal est-il devenu une République bananière où toutes les dérives sont tolérées tant que celles et ceux qui les commettent affichent ouvertement et publiquement leur loyauté à l’endroit du président Macky Sall? C’est en effet le sentiment qui nous anime après avoir constaté toutes les dérives commises par des éléments du pouvoir et pour lesquelles ces derniers n’ont jamais été sanctionnés.

Et hélas les faits attestent, jour après jour, cette impunité gênante dont jouie une poignée de parvenus (très proches du président sénégalais) qui, à petit feu, plonge tout un pays dans le marasme économique à travers la braderie des richesses naturelles, le népotisme, la corruption et la concussion.

Venons-en aux faits. En effet, il y a deux semaines, Mansour Faye, beau-frère du Président de la République et actuel ministre du Développement communautaire et de l’équité territorial du Sénégal (à qui des milliards de FCFA ont été confiés dans la gestion de l’aide d’urgence sanitaire en pleine pandémie à coronavirus) a publiquement déclaré qu’il ne répondrait pas à une convocation de l’OFNAC (Office National de Lutte contre la Fraude et la Corruption) sur sa gestion des deniers publics.

Cette déclaration, faite lors d’une émission sur la chaîne RFM, avait suscité un vif émoi dans le pays. Mais, pour éteindre le feu, le beau-frère du président n’a pas trouvé mieux que de divertir les sénégalais en s’attaquant lâchement à l’opposant Ousmane Sonko qu’il accuse (sans jamais fournir la moindre preuve) de s’être presque mis à quatre pattes afin d’obtenir une entrevue avec le président.

Les sénégalais ne sont pas dupes. Heureusement d’ailleurs! Car, ils ont très vite compris le subterfuge (pas très fûté) d’un ministre de la République qui, en refusant de rendre des comptes sur les milliards du contribuable qui lui avaient été confiés, venait ainsi de poignarder la justice dans le dos.

Les propos du ministre étaient très graves et requéraient à ce moment précis (si on était encore dans une République digne de ce nom) que Mansour Faye soit non seulement démis de ses fonctions mais qu’il soit poursuivi. Car, au bout du compte, sa sortie sur RFM (que je qualifie de bassesse) confirme l’idée qu’au Sénégal, toutes les dérives sont permises tant qu’on se complait à servir servilement le maître Sall.

L’affaire Mansour Faye qui a défrayé la chronique pendant plusieurs jours à peine classée, voilà que sort de nulle part un député (représentant du peuple) en manque de notoriété qui, en ethnicisant le pouvoir, plonge le pays tout entier dans la menace d’une guerre intercommunautaire sur fond de tension ethnique que le Sénégal n’a jusqu’ici jamais connue.

En effet, filmé en compagnie de sa clique qui se délectait à gober ses imbécilités, le député Aliou Dembourou Sow a tenu des propos non seulement violents mais extrêmement périlleux dans une nation qui a brillé sur tout le continent par une tolérance religieuse, confrérique et ethnique assez rare qui, pendant des décennies, a constitué le socle qui a maintenu intact l’unité de toute la société sénégalaise.

Nul besoin d’entrer dans les détails. Tout ce que l’ont sait jusque-là est que flanqué de quelques sympathisants qui semblaient trouver beaucoup de plaisir à écouter son discours, Aliou Dembourou Sow a publiquement appelé à “sortir les machettes” pour défendre le candidat Macky Sall dont les velléités de briguer un troisième mandat suscitent l’indignation d’une grande partie des Sénégalais.

Pourtant, en dépit de l’indignation générale suscitée par ses propos, le député Aliou Demberou Sall persiste et signe et prévient, d’après la presse sénégalaise, qu’il est prêt à répéter toutes les balivernes qu’il a proférées dans une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux.

Et comme par hasard, jusqu’ici, je n’ai pas entendu le ministre de l’Intérieur ou un membre du gouvernement condamner les propos génocidaires tenus par le député et qui relèvent clairement d’une incitation à la violence ethnique, un délit qui mérite d’être puni avec la dernière énergie compte tenu des conséquences dévastatrices qu’il peut avoir sur la cohésion sociale.

Dans une République digne de ce nom, Aliou Demberou Sow aurait déjà été rattrapé par la patrouille. Cependant, puisqu’il ne jure que par le président Sall avec lequel il semble partager la même ethnie et le même parti politique, apparemment, tous ses crimes, y compris les plus exécrables, lui seront pardonnés.

Telle semble être la réalité du Sénégal actuel, une République où règne une seule famille dont les intérêts passent avant ceux des autres. Si à cela s’ajoutent les agissements des fervents fanatiques de Macky Sall qui, en jouant la carte ethnique, pensent pouvoir légitimer un mandat voué à l’échec, on peut évidemment s’attendre au pire.

Nous avons parfaitement compris que le député Aliou Demberou Sow ne représente aucunement les Toucouleurs du Sénégal qui d’ailleurs ne devraient pas être pris pour cibles pour des inepties proférées par un imbécile qui se trouve être un membre de leur ethnie. Toutefois, minimiser ses propos ou refuser de les condamner ne fait qu’empirer une situation déjà délétère.

Dans une République digne de ce nom, le député Sow aurait été déchu de son statut de représentant du peuple (car il ne le mérite plus) et la justice se serait chargée de lui régler ses comptes en lui tapant sévèrement au porte-monnaie. Mais, apparemment, dans la République de Sall et de ses sbires, les agissements les plus vils des fanatiques sont tolérés tant qu’ils ne constituent pas un crime de lèse-majesté.

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