Le club des présidents à vie

23 - Juillet - 2018

CHRONIQUE DE SO-HO

De tout temps les dirigeants de la planète ont aspiré à conserver, que dis-je, confisquer, le pouvoir le plus longtemps possible, quand ce n’est pas éternellement. La royauté avait même institué la succession héréditaire afin que ses descendants puissent continuer à exercer leur emprise sur le pays, au-delà de la mort de celui qui se trouvait sur le trône. La guillotine, ici en France, vint abolir ce système monarchique, et ailleurs, en Russie, le pouvoir impérial avec l’exécution du Tsar et de sa famille par des spadassins de la révolution de 1917.


Par la suite des régimes autocratiques sont apparus, ici et là, au nom bien souvent de soi-disant « démocraties populaires » (comme si la démocratie pouvait être autre chose que l’expression du peuple, le fait de le préciser aurait dû nous paraître suspect et nous alerter). On a vu alors fleurir à travers le monde des despotes du genre Hitler (au nom du national -socialisme. En réalité on a vu que le nationalisme), Staline, Pol Pot, Mao Zedong (au nom du communisme) et quelques autres réducteurs de tête, assoiffé autant de pouvoir que de sang, au point que leurs victimes se chiffrent par dizaines de millions.


Puis sont venus les régimes, apparemment authentiquement « démocratiques », débarrassés de l’adjectif « populaires » devenu trop lourd à assumer au regard de l’histoire. En Europe principalement et ailleurs progressivement.
Mais ne dit-on pas ? « Chassez le naturel, il revient au galop », (expression prêtée à tort à l’humoriste Bernard Shaw, alors que son auteur, Philippe Néricault, dit Destouches, est un dramaturge français du XVIIIème siècle). Et très vite les vieilles habitudes sont revenues.


En même temps que l’Union soviétique devenait la Russie, et que le marxisme était jeté aux orties, qu’en Chine de nouveaux dirigeants apparaissaient, ouverts à l’économie de marché, on se plaisait à rêver aux vertus démocratiques. Mais les masques sont tombés très vite et les tsars d’hier sont devenus par un habile subterfuge les tsars « rouges » d’aujourd’hui.


Ainsi Vladimir Poutine, âgé de 65 ans, vient-il d’être « réélu » pour un quatrième mandat de 6 ans (18 ans déjà de pouvoir) et à priori pourra toujours être là en 2030 grâce à un artifice constitutionnel. Il aura alors 77 ans. Quant à Xi Jinping, 64 ans, en vertu d’un vote de l’Assemblée populaire chinoise il pourra se représenter autant de fois qu’il le souhaitera, en clair ad vitam aeternam.


Le dernier exemple du genre nous vient d’Afrique, où l’on apprend qu’au Cameroun Paul Biya va briguer un 7ème mandat ! Au pouvoir depuis 36 ans le chef d’Etat est âgé de 85 ans. A cet âge canonique tout individu censé aspire à un repos bien mérité. Homme de devoir ? Sans doute, au point de sacrifier ses dernières belles années qu’il pourrait consacrer aux loisirs. Amoureux de sa patrie et de son pays ? On ne peut en douter devant une telle constance, certains diraient « acharnement ».


Lorsqu’on songe que dans la plupart des pays on instaure une retraite à 60, 65, 67 ans, on se dit que cette législation ne concerne pas les chefs d’Etat, quand bien même certains d’entre eux l’ont inspirée. En clair « faites comme je dis, mais non pas comme je fais ». Il faut croire que la charge de président de la République n’est pas aussi lourde que celle d’un employé de banque ou d’un conducteur de train. Heureux hommes sur qui le temps n’a aucune emprise. Et comme au Cameroun le mandat est de 7 ans, Paul Biya, sauf accident (cardiaque, AVC, etc.) ou maladie grave qui guette toute personne de cet âge, aura 92 ans à la fin de son septennat. 


Question : En 2025, Paul Biya sera-t-il à nouveau candidat ? Pour l’heure, une chose est certaine, il a rejoint le club, de moins en moins fermé, des « présidents à vie » aux côtés de Poutine et de Xi Jinping. Pas sûr que cela soit un bon message pour les africains.

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