Pouvoir et Opposition au Rythme d’un déficient mental paraît-il ?

Il est désormais clair que la politique tropicalisée est peuplée de personnages extraordinaires, facilement exportables dans un film de fiction ou un feuilleton politique. Leurs gestes et leurs mots mériteraient d'être récompensés par un Oscar ou un César. Ils ont un goût prononcé pour le détail et semblent énergivores, se perdant souvent entre l'essentiel et l'accessoire.

On ne s'attendait guère à ce que, sous l'ère du tandem Diomaye-Sonko, le public assiste à une séquence si éloignée de la rupture promise, surtout dans un contexte social anxiogène. Malheureusement, nous y sommes parvenus avec délectation, à voir et revoir un film intitulé "Un patriote fou-furieux dans la République". Le protagoniste, Azoura Fall, en raison des séquelles de son incarcération — tout comme de nombreux autres condamnés politiques — joue un rôle central, bien que ce ne soit pas de son plein gré, car sa responsabilité est diminuée par l'impact de son état mental, affecté par les dures réalités de nos prisons.

Rappeler cela est une lapalissade : nos établissements pénitentiaires forment et déforment souvent ceux et celles qui sont arrêtés, à tort ou à raison. Malheureusement, l'affaire d'Azoura Fall n'est pas un cas isolé. De nombreuses victimes de la folie répressive de l'ancien régime souffrent de traumatismes, laissant transparaître des séquelles psychiques tant audibles que visibles.

Bien qu'Azoura Fall ait échappé à la Justice, se livrera-t-il aux psychologues ou aux psychiatres pour un suivi thérapeutique ? La Justice a également la responsabilité de lui apporter un soutien ferme pour l'aider à réintégrer une société normée. L'administration sénégalaise, chargée des questions carcérales, devrait offrir une prise en charge adaptée aux maux dont souffrent ces individus. Indemniser les victimes à coup de millions n'est qu'un petit geste par rapport aux dommages corporels et psychiques qu'elles affirment avoir subis durant leur incarcération.

La rupture devrait déjà se manifester par cette assistance. Nous pensions avoir clos ces débats stériles qui mobilisent les acteurs politiques et tiennent les Sénégalais en haleine. Malheureusement, il semble que nous ne fermerons pas ce chapitre de l'ancien monde de sitôt.

KMNGN