La caution suspecte de la liberté

"Fraus Omnia corrumpit", la fraude entache de nullité tout acte accompli sous son couvert

Finalement, celui ou celle qui paie commande sa liberté, peu importe l'ampleur des forfaitures dans le cadre de la reddition des comptes amorcée par le régime. Ainsi fonctionne une justice perçue comme clémente aux yeux de l'opinion publique sénégalaise. La liberté a un prix, et les amis ou les familles des victimes de la politique du Jub Jubal Jubanti le savent bien. Il faut la payer pour être libre, tout en se moquant des préjudices infligés aux contribuables sénégalais, tant au présent qu'à l'avenir, avec des emplois étouffés et des vies abrégées.

Les millions s'accumulent à la Caisse de dépôts et de consignation pour les chanceux, tandis que les moins fortunés vont vivre les affres de la Maison d'arrêt de Rebeuss, alors que les autorités du régime précédent se réjouissaient de voir leurs adversaires politiques croupir en prison pour des broutilles politiques.

Le pouvoir change de camp, et les rôles s'inversent. Nous sommes dans un contexte de reddition de comptes, une exigence politico-sociale que les Sénégalais ont exprimée dans les urnes. La coalition Diomaye-Président, sous l'égide d'Ousmane Sonko, a brandi le balai lors de la campagne présidentielle, comme pour affirmer qu'il était temps de dépoussiérer et de nettoyer la République de ses cafards et de ses blattes, et de lui redonner ses lettres de noblesse.

C'est une opération politique hautement complexe dans un pays où la sociologie sénégalaise s'articule autour de l'argent, peu importe la manière de l'acquérir tant qu'il posséde sa richesse.

KMNGN