SÉNÉGAL : L’ARGENT ERSATZ DE LA JUSTICE

21 - Mai - 2018

Le meurtre de l’étudiant Fallou Sène risque hélas comme les autres, de finir en cirque ou la toute puissance de l’argent jouera un rôle important, reléguant au second plan le devoir de justice. Alors que les deux doivent aller de pair.

L’étudiant Fallou Séne est parti à jamais, en laissant derrière lui une famille désemparée et inconsolable. Une famille qui comptait sur ce jeune étudiant qui réclamait sa bourse et son droit d’apprendre dans de bonnes conditions à l’Etat du Sénégal qui était censé le lui assurer, pour ne pas dire garantir.

L’espoir de la famille de Fallou Séne a été abrégé par un gouvernement irresponsable, qui n’a entrepris aucune politique pédagogique et social sérieuse pouvant favoriser l’apaisement l’espace universitaire sénégalais. Depuis 2001, date à laquelle l’étudiant Balla Gaye subissait aussi le même sort tragique que Bassirou Faye en 2014 et Fallou Séne en 2018, le gouvernement n’a tiré aucune leçon des manifestations récurrentes des étudiants.

En un seul mandat de Macky Sall, deux étudiants sont tués pour les mêmes causes, les mêmes circonstances et avec les mêmes solutions sacrificielles pour amoindrir le choc émotionnel.
Malheureusement, la famille Séne va se résoudre à gober les galimatias d’un gouvernement qui n’assume jamais sa responsabilité hiérarchique dans cette énième mort liée à la bourse.

Les leçons de Paul Valéry sur l'Etat

D’ailleurs Paul Valéry nous alertait sur la faiblesse et la puissance de l’Etat : « Si l’État est faible, nous périssons, Quand il est fort, il nous écrase ». En somme, nous avons un État-fort-faible qui ne rassure guère la sécurité et la tranquillité des sénégalais, et se fait le malin plaisir de brutaliser et emprisonner. Bref, un Etat qui s’est spécialisé dans de pareilles situations, l’amortissement de l’indignation des Sénégalais, en usant de l’argent ersatz de pansements aux plaies douloureuses. Ça s’appelle du cynisme de l’État.

Par un décret, le Président Sall a limogé le recteur de l’université Gaston Berger et le directeur du Crous pour manifester sa volonté d’entreprendre des mesures allant dans le sens de la requête des étudiants. Mais qu’à cela ne tienne. À défaut d’apporter des solutions pérennes, situer véritablement les responsabilités, il a sacrifié un recteur et le directeur du Crous qui n’exécutaient que les ordres de leurs hiérarchies.

Trois ministres du gouvernement de Boun Abdallah Dionne devraient se démettre de leurs fonctions: Aly Ngouille Ndiaye (Intérieur), Marie Teuw Niane (Enseignement supérieur) et Augustin Tine (Forces armées), car leur leurs responsabilités hiérarchiques sont engagées dans cette bavure qui a abouti au meurtre de l’étudiant. Un meurtre qui une fois de plus, pointe du doigt la formation de nos forces de sécurité, et l’échec d’un système d’enseignement universitaire.

Mais le mot « démettre » ne fait point partie du vocabulaire des hommes « poly-tiques » sénégalais. Et c’est ça le drame de notre démocratie.

 

KMNGN

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