Sonko dos au mur dans l’affaire des «94 milliards CFA» : brandira-il les preuves ?

20 - Septembre - 2019

Désormais mis en cause dans l’affaire Mamour Diallo dite des 94 milliards, Ousmane Sonko est dans une impasse. Il devient un accusateur acculé par le pouvoir -qui a su bien manœuvrer pour retourner la situation en sa faveur -, en le tentant de le faire passer pour un vulgaire menteur qui cherche à berner le peuple. Une subtile façon de l’obliger à sortir ses preuves…et l’entraîner sur le dangereux terrain du recel de documents administratifs ?

Ousmane Sonko, député à l’Assemblée Nationale du Sénégal et leader du parti Pastef
D’où viennent les informations que détient le leader du parti Pastef? Qui sont ses informateurs qui sont forcément dans gens bien placés dans l’administration et très proche des dossiers sensibles ? Sonko est face à un dilemme: brandir ses preuves et sauvegarder sa crédibilité auprès de l’opinion publique et des militants, en courant toutefois, les risques de se faire prendre dans le piège du recel de documents administratif et d’exposer dans le même temps ses sources, ou alors continuer à essayer de les convaincre la justice pour inciter un juge d’instruction à enquêter sérieusement dans ce dossier où l’on parle de grosses sommes d’argent. Dans les deux hypothèses qui s’offrent à lui, Sonko est dans une posture indélicate puisque les dernières révélations de cette affaire (l’implication de son cabinet ATLAS et sa proximité avec Ismaël Bâ du cabinet MERCALEX cité dans cette affaire) le mettraient en plein milieu d’un conflit d’intérêt.

Il est évident que le leader du Pastef n’a pas inventé cette histoire des 94 milliards et l’affaire Mamour Diallo n’est pas née du néant. Il maintient détenir des preuves ; des allégations prises au sérieux dans le camp adversaire, même s’il tente de faire croire le contraire. L’hypermédiatisation de cette affaire s’avérerait, en fait, un stratagème pour leur défense en mettant l’accusateur ou le dénonciateur Sonko dos au mur. Un revirement de situation presque parfait ! Au cas où il s’aventurerait à brandir les documents qu’il détient, Sonko s’exposerait alors au délit de recel de documents administratifs. Et dans ce cas, il baliserait lui-même le chemin qui mène à Reubeuss. Parce que son immunité parlementaire serait alors vite levée au cours d’un vote dans une Assemblée nationale grandement acquise par la majorité au pouvoir (125 chaises sur les 165 sièges étant de la mouvance présidentielle).

Voilà, en tout cas pour le pouvoir, une occasion de lui couper enfin les ailes. Sur ce coup-ci, la bravade de l’opposant antisystème serait-elle allée trop loin? Il apparaît que ce qui intéresse surtout le pouvoir actuellement c’est de démasquer les sources dissimulées dans les instances de décision. Sonko a, à la fois à gagner et à perdre en donnant ses preuves à la presse et à l’opinion publique. Les conséquences d’une impudence pareille s’étendraient alors sur toutes ces personnes au cœur du système qui ont choisi d’y rester et de se battre en essayant de créer l’implosion en lui filant ces informations ultra sensibles. Il existerait un réseau de citoyens et patriotes, -à démanteler par le pouvoir -, qui se bat à l’intérieur du système à leur manière et avec ce qu’ils ont de plus précieux c’est-à-dire l’information, pour faire jaillir la lumière surtout ces dossiers où nos gouvernants entretiennent délibérément une opacité totale.

Il est vrai qu’il peut se targuer d’avoir éclairé de ses lumières de dénonciation les Sénégalais, notamment sur la gestion des ressources naturelles (Pétrole et Gaz, Fer du Falémé …) ce qui fait qu’il bénéficie en retour d’une crédibilité sans faille auprès de ses partisans et d’une certaine empathie de la part des Sénégalais. Seulement cette fois-ci, l’opposant antisystème semble être dans une impasse. Dans cette histoire des 94 milliards, il ouvre une brèche à ses détracteurs qui y voient une occasion de s’attaquer à son fer de lance à savoir la politique vertueuse qu’il prône. La contre attaque se passe sur son propre terrain de jeu. L’on cherche à sortir de ses gonds.

Et, finalement Sonko n’a-t-il pas eu tort d’avoir voulu exploiter politiquement et jusqu’au bout toutes ces informations sensibles ? N’aurait-il pas mieux valu, – si l’objectif mais que de faire éclater la vérité pour le bien commun -, de remettre toutes les informations à un journaliste crédible pour publication? Aurait-il péché d’avoir voulu tout le temps être ce “ Superman” qui dénonce toujours en premier les méfaits du pouvoir?

Alors, comment Sonko va continuer à mener son combat pour faire éclater la vérité dans cette affaire compte tenu de tous ces paramètres à gérer ? Ses conseillers ont du pain sur la planche. Il va falloir vraiment faire travailler leurs méninges pour trouver à Sonko une sortie qui lui évite à la fois de perdre sa crédibilité et de prouver ses dernières dénonciations. Il risque d’y perdre beaucoup de plumes et d’énergie qui aurait pu servir à d’autres causes.

Rokia-Pédro

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